Expo Magritte
Expo Magritte "Tout en papier"
du 8 mars au 19 juin 2006
Il y a des peintres qui vous marquent sans que l’on sache pourquoi. Magritte est pour moi l'un de ceux-là. Je n’avais jamais vu ses tableaux en vrai. Comme tout le monde, je connaissais son fameux « Ceci n’est pas une pipe » (que j’ai gentiment détourné il y a quelques temps), ces bonhommes en costume noir et chapeau melon, ces pommes, etc. Je connaissais aussi son style, précis dans les traits comme dans les matières, et ses clairs obscurs presque électriques. Je savais enfin qu’il était belge et qu’il faisait parti du mouvement surréaliste.
Mais dans le fond, je ne connaissais rien de Magritte. Passé l’émotion de me retrouver face à ses tableaux longtemps admirés sur papier glacé, j’ai été happée par sa vision du monde. Je me suis arrêtée sur son dessin « Des mots et des images ». Je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec les théories de Lacan sur le langage. Ce que l’on voit n’est pas ce que l’on voit, ce que l’on dit, n’est pas ce que l’on dit.
Est-ce un hasard si ces deux hommes étaient contemporains ? Ils faisaient tous deux partie d’une époque où la pensée, la culture, la littérature, la peinture et le cinéma apportaient à la France une certaine largeur d’esprit et un rayonnement intellectuel sur le Monde. En regardant le montage « Je ne vois pas la (femme) cachée dans la forêt », où on peut voir
Aragon, Breton, Buñuel, Dali... je me suis souvenue d’une photo au Musée Picasso où l’on voit Picasso lui-même entouré d’intellectuels comme Bataille, Lacan, Sartre, De Beauvoir, Eluard et bien d’autres.
Qu’est ce temps là devenu, à l’heure de la pensée unique et du formatage intellectuel ? Magritte, à travers ses peintures, à travers son histoire, m’a ramené brutalement à notre monde actuel où l’image est prise pour réalité, où le semblant est roi. A son époque à lui, parce qu’il y avait plusieurs modèles de pensées, les gens pouvaient croire en des idéaux et les défendre. Aujourd’hui, parce qu’il n’ y a plus qu’un seul modèle, tout le monde s’y accroche avec angoisse et n’ose plus en penser ou en rêver un autre.
Je ne connais qu’une alternative cette peur et à la morosité ambiante, l’enrichissement intellectuel. Pour construire un monde meilleur il faut s’instruire. Alors, allez-y, sortez, lisez, échangez et engagez des débats d’idées ! Au-delà du plaisir visuel qu’offre une peinture, au-delà de l’aspect fictionnel d’un livre, de Lascaux à nos jours, s’il y a une seule chose au monde qui fait notre humanité, c’est la culture. Alors :
Cultivez-vous !

L'art de la conversation - 1950