Une Nation Qui Produit De Jour En Jour Des Hommes Stupides Achète A Crédit Sa Propre Mort Spirituelle - Martin Luther King
Je rentre chez moi après une longue journée de boulot. Je suis fatiguée, je sais que ce week-end va être dur physiquement mais j’ai envie d’écrire. Dans la tête de nombreux sujets inspirés par l’actualité qui font écho à ma vie et à mon histoire. Pour les écrire il me faut du temps, il me faut être claire. Hélas, ce soir mon cerveau est anesthésié, les idées sont embrouillées. Je renonce.
Je lis les commentaires sur mon blog et de lien en lien, je me retrouve sur celui de Jimmy. Il répond à un article qu’a écrit Loulou le week-end dernier sur « les origines ». C’est de cela justement que j’ai envie de parler : origines, culture, racisme, individu et humanité. Depuis les déclarations de notre cher Ministre sur l’immigration choisie, j’ai plein d’idées d’articles, j’accumule les images. Mais je ne veux pas bâcler le sujet. Patience, me dis-je, plus que quelques jours et je pourrais enfin me remettre à « écrire ».
Je commence un petit texte léger que je voudrais drôle. En bruit de fond, la télé. Mais l’émission qui passe me parasite. Je zappe. Quand je reconnais les premières images d’un documentaire que j’ai vu mercredi soir sur France 5 câble : « Noirs » d'Arnaud Ngatcha et Jérôme Sesquin. Je me laisse mener à nouveau par ce reportage qui parle d’esclavage, d’identité nationale, d’identité noire. Et je le regarde du début à la fin, de la porte des esclaves au Sénégal au témoignage court mais émouvant d’Aimé Césaire, qui comme me l’a précisé un de mes amis à qui je parlais de ce reportage, n’est non pas reconnu comme auteur français mais comme auteur francophone…
J’abandonne mon article à deux balles et malgré mes réticences, je décide de vous faire partager un peu des idées qui me trottent dans la tête en ce moment. Tant pis si je ne les développe pas plus que ça, tant pis si ce que je peux dire ce soir n’est qu’une amorce. J'ai envie de vous parler d’humanité. De cette humanité qui fait de nous des êtres d'exception comparés aux autres êtres vivants de la Planète parce que nous possédons la parole, la pensée et tout ce qui en découle. Je vois la construction de cette humanité sur trois axes :
L’axe du temps : se souvenir du passé sans s’y accrocher. Se rappeler l’esclavage, les camps de concentration, les horreurs de la guerre. Se rappeler que les droits de l’Homme n’ont pas toujours été et qu’ils ne sont pas encore tout à fait une réalité. Se rappeler que les droits de la Femme n’ont pas fait parti spontanément des droits de l’Homme et qu’ils sont encore bafoués. Se rappeler que l’homosexualité il y a peu était encore un délit ou considéré comme une maladie. Se rappeler de tout cela et de bien d'autres choses encore et le montrer aux générations futures même si souvent l’Humanité est amnésique. Se rappeler pour dire : plus jamais ça ! Et faire passer la différence au rang de l’indifférence. Peu importe les origines, la religion, la couleur de la peau, le sexe, l’orientation sexuelle…
L’axe identitaire : l’esprit communautaire est un mal nécessaire. S’identifier ou s’opposer à un groupe est souvent un passage obligé pour se définir en tant qu’individu. Se regrouper pour questionner l’ensemble est primordial. A condition que cela soit dans le but de s’inscrire dans l’Humanité et non de s’en détacher. A condition au final de faire éclater le groupe pour laisser émerger les individus. Il ne faut pas perdre de vue que si les idées et les « normes » ont évolué, c’est aussi grâce à une certaine interaction entre communautés. Qu’aurait été le féminisme sans les hommes ? Qu’auraient été les droits des ouvriers sans l’appui de certains patrons ? Qu’aurait été le droit à l’instruction pour tous sans quelques privilégiés qui savaient lire ? Ces interactions ont été nécessaires à un instant donné pour unir les individus dans un nouvel ensemble où les différences du passé ont été gommées.
L’axe de l’individualité : avant d’être un homme ou une femme, un noir, un jaune ou un blanc, un homo ou un hétéro, être un individu à part entière pour être reconnu en tant que tel par ses pairs. Etre un sujet libre, désaliéné de toutes les chaînes symboliques ou imaginaires que nous nous sommes créées.
Mes yeux se ferment. Je n’arrive plus à écrire. J’arrête là. J’ai besoin de dormir. Peut-être suis-je déjà en train de rêver…
"...Je vous dis aujourd'hui, mes amis, que malgré les difficultés et les frustrations du moment, j'ai quand même un rêve. C'est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain.
J'ai un rêve qu'un jour, cette nation se lèvera et vivra la vrai signification de sa croyance : "Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux".
J'ai un rêve qu'un jour, sur les collines de terre rouge de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.
J'ai un rêve qu'un jour même l'Etat de Mississippi, un désert étouffant d'injustice et d'oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.
J'ai un rêve que mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère.
J'ai un rêve aujourd'hui.
J'ai un rêve qu'un jour l'Etat de l'Alabama, dont le gouverneur actuel parle d'interposition et de nullification, sera transformé en un endroit où des petits enfants noirs pourront prendre la main des petits enfants blancs et marcher ensemble comme frères et soeurs.
J'ai un rêve aujourd'hui.
J'ai un rêve qu'un jour, chaque vallée sera levée, chaque colline et montagne seront nivellées, les endroits rugueux seront lissés et les endroits tortueux seront fait droits, et la gloire du Seigneur sera révélée, et tous les hommes la verront ensemble..."
Je remercie AnT de m'avoir envoyer il y a quelques jours l'adresse de cette vidéo...