Georges Clooney Au Second Tour
Hier soir j’étais invitée avec d’autres chez une collègue. La soirée était très agréable. On a bien sur parlé boulot mais la conversation a vite dévié. Evidemment, après le sexe et le foot, entre la poire et le fromage, on en est arrivé à parler politique (je précise qu’il n’y avait ni poire ni fromage mais j’avais envie de la placer celle-là).
C’est toujours délicat de parler politique quand on ne connaît pas celui qui vous accueille. Je savais en gros que la majorité de mes collègues avaient des idées proches des miennes mais pour l’hôte de maison, j’avais des doutes. On a toujours des a priori, surtout quand on sait que la personne est militaire de carrière et quand pendant l’apéro, on a vu dans la bibliothèque beaucoup de livres d’histoire et de conquêtes militaires. Qu’on a quand même pu trouver « Le garçon d’Italie » dans un rayon mais qu’en voulant parler de la beauté de ce livre on a entendu : « Moi tu sais les histoires de pédés… » (je tiens à préciser que j’ai des militaires et des passionnés d’histoire dans la famille qui me permettent de prendre du recul par rapport aux idées reçues, mais en l’occurrence là, on frisait quelque peu la caricature…).
Pour en revenir à la discussion, il se trouve que le monsieur commence à tirer à boulet rouge (heu… oui, enfin, bon, vous verrez par la suite) d’abord sur Le Pen puis sur Sarko. Tout le monde se détend, on était donc sur le même terrain. On parle du premier tour des dernières présidentielles. Tout le monde s’accorde à dire que ce jour là, nous n’avions pas encore atteint le sommet de l’horreur. Dans ma tête, l’horreur suprême serait un deuxième tour Sarko/Le Pen aux prochaines élections. Mais le mari de ma collègue me devance dans la discussion : « Le pire serait d’avoir à choisir entre le FN et les Communistes ».
Il est de ces instants où on sent que le temps s’arrête. Toutes les petites cuillères pleines de crème glacée sont restées en l’air dégoulinantes. Dans le silence pesant qui s’était fait, ma voisine de gauche (quand la table est ronde on a tous un(e) voisin(e) de gauche) dit tout doucement : « Sans hésiter je vote communiste. » Et là notre hôte devient tout rouge (mais pas par idéal politique apparemment). Avant qu’il ne commence à parler, ma voisine de droite (qui vote à gauche, faut suivre) lance : « Le pire serait quand même Sarkozy/Le Pen, non ? ». Je renchérie en disant que cet homme et ses idées populistes est bien plus dangereux que Le Pen parce que plus pernicieux et intelligent. Là le monsieur qui n’en peut plus explose et nous lance à la figure : « Vous ne pouvez pas dire que l’UMP et le FN sont la même chose. C’est comme dire que Besancenot et Jospin sont pareil. » La comparaison m’a fait sourire car je me souviens qu’on avait reproché à Jospin d’avoir été strostkiste. « Personne n’a dit que l’UMP et le FN sont la même chose. On parle juste de Sarko en tant que personne et non en tant que représentant de l’UMP. Et cet homme est bien plus dangereux que Le Pen ». Et c’est alors que le monsieur furieux nous dévoile sa dernière carte : « On peut trouver Sarko démago sur le fait qu'il fasse de la lèche aux communautés juives ou arabes… » Je ne vous mets pas la suite de sa diatribe qui ressemblait plus à un plaidoyer xénophobe qu’autre chose. Avec en conclusion : Sarko ne peut pas être raciste car il est étranger. Et il ne peut pas être dangereux parce qu’il est à l’UMP. (Logique aristotélicienne ?).
Regards croisés dans un silence pesant. « Un café, un thé, une tisane ? » propose ma collègue plus que gênée par le discours de son mari. Heureusement, ils avaient une Nespresso… Georges Clooney est venu nous rejoindre dans la conversation. « What else ? » Le monsieur (notre hôte, pas Georges) est parti faire la vaisselle.
Pour ceux qui n'aurait pas la tv :