Alejandro Gonzalez Iñarritu
J’ai d’abord vu Babel. Puis Amores Perros (Amours Chiennes). Et là, je viens de voir 21 Grammes. Même si ce n'était pas dans l'ordre des sorties, j'ai trouvé dans ces trois films d’Alejandro Gonzalez Iñàrritu une sorte de continuité.
D’un point de vue cinématographique, je n’avais pas été aussi impactée par un réalisateur depuis le 2046 de Wong Kar-Wai. Alejandro Gonzalez Iñàrritu nous offre lui aussi un autre regard, une autre façon d’envisager le cinéma. Même si on sent dans le coup de patte technique une influence made in USA, ses films n’ont rien du léché hollywoodien. Les personnages sont cruellement authentiques, les scènes empruntent souvent à la nature humaine toute sa violence sans jamais laisser place à l’impudeur ou aux images gratuites. L’amour, toujours en filigrane, permet de soutenir la noirceur réaliste des histoires. Mais ces films là ne peuvent se voir si on se sent fragile ou mélancolique car à chaque fois, c’est une grande claque qu’on se prend en pleine face.
Alejandro Gonzalez Iñàrritu construit ses récits comme des puzzles. Pas de linéarité dans la chronologie, on passe du présent au passé d’une scène à l’autre sans pourtant jamais être désorienté. Tout se dévoile peu à peu jusqu’à ce que la dernière pièce posée sur la table vienne achever le tableau. Les destins se croisent, se tissent, se nouent. Les personnages, sans forcément se rencontrer, se retrouvent liés les uns aux autres à jamais.

Babel porte bien son nom. Cinq langues, la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis comme symbole de démarcation, le désert marocain d’un côté et les lumières de Tokyo de l’autre. Misère et opulence, vie simple ou ultramoderne, quelque soit le décor, le réalisateur nous montre la détresse dans ce qu’elle a d’universel. C’est aussi l’incompréhension entre les cultures qui peut parfois laisser place à la fraternité. Babel, c’est surtout le côté sombre de la mondialisation… Doit-on craindre l'effondrement comme dans le mythe ou garder quand même une petite lueur d’espoir ?
Dans Amores Perros, il nous parle de l’universel de l’amour. Il nous l’expose sous toutes ses facettes, de la plus belle à la plus barbare, d’espoir en désillusions. Les chiens sont là pour illustrer toute la gamme de sentiments. Ce film est aussi un magnifique portrait de la société mexicaine dans ce qu’elle a de varié et de sauvage malgré sa modernité. C’est, des trois longs métrages celui qui m’a le plus marqué. Peut-être parce qu’il est le plus intimiste. Sûrement parce qu’il se passe à Mexico. Sans aucun doute parce qu’il a quelque chose de plus authentique que les deux autres : Alejandro Gonzalez Iñàrritu aurait-il pu aussi bien parler d’amour dans une autre langue que la sienne ?
Bande Annonce Amores Perros